PATRIMOINE NATUREL

1. PRÉSERVATION des FORÊTS

■ FORÊTS NATURELLES vs PLANTATIONS

Il est ici question de forêts qui poussent naturellement, avec un écosystème riche, et non pas de plantations en monoculture qui possèdent un écosystème extrêmement pauvre.
Les plantations d’épicéas en monoculture, par l’ONF dans les années 70, que l’on retrouve un peu partout sur le piémont, ont été un échec patent.
L’écosystème a été détruit par l’acidification du sol et ces plantations n’ont même pas été exploitées faute de rentabilité (le pin des Landes étant bien plus facilement exploitable).
Aujourd’hui une grande partie de ces arbres sont morts du fait de leur faible résistance aux maladies.

■ EXPLOITATION RESPONSABLE des FORÊTS

Les quantités prélevées devraient être raisonnables afin de préserver les écosystèmes.
Le bois devrait être utilisé uniquement comme source d’énergie complémentaire d’autres énergies renouvelables (solaire thermique, géothermie, électricité photovoltaïque et éolienne alimentant des pompes à chaleur) et non pas en chauffage principal cf biomasse en bas de page.
Les projets récents et actuels portés par des industriels impliquent des prélèvements excessifs avec pour seul objectif le profit à court terme au mépris des écosystèmes, des paysages, et d’une gestion de la ressource forestière à long terme. Cf projets Florian, kérosène de synthèse.

De plus, il convient de laisser certains vieux arbres et le bois mort, qui abritent une grande quantité d’insectes (dont une partie est consommée par les oiseaux) et de champignons. Ils sont donc particulièrement importants pour la richesse de l’écosystème.
Aussi, les coupes rases, qui détruisent une grande partie de l’écosystème devraient être interdites.

■ PROTECTION de CERTAINES FORÊTS

Les vieilles forêts sont en « libre évolution » depuis longtemps. Elles n’ont jamais été exploitées ou l’ont été il y a longtemps, en permettant à la plus grande partie de l’écosystème naturel de se reconstituer. Le cycle naturel forestier est de 300 à 350 ans, par rapport à un cycle de récolte forestière qui dure entre 60 et 120 ans.
Elles comportent du « gros bois » – de grands arbres vivants, et des arbres morts restant sur pied ou au sol.
Le gros bois mort sur pied est un sous-écosystème différent du gros bois mort au sol.
Ce gros bois mort est étonnamment plein de vie (mousses, champignons, insectes). Il constitue également l’habitat de certains oiseaux et sert à la maintenance de l’humus.
Les vieilles forêts sont donc le refuge de très nombreuses espèces, notamment d’insectes, de champignons et de plantes qui ne peuvent se développer que dans ce milieu. Elles sont donc indispensables à la préservation de la biodiversité.
La richesse de biodiversité de ces vieilles forêts leur apporte un côté enchanté et fascinant extrêmement appréciable.
Elles représentent seulement 4% du domaine forestier pyrénéens en Occitanie, et 0,5% des forêts de plaine.
Depuis 2019, le fond de dotation Forêts préservées, de type associatif, achète des parcelles forestières riches en biodiversité pour les laisser en libre évolution.
L’association Nature en Occitanie organise chaque année des sorties dans des vieilles forêts, dont une dans la vallée du Louron. Elle y explique de manière approfondie, le fonctionnement de cet écosystème. Ces sorties ne peuvent qu’être recommandées à tous les amateurs de nature qui souhaitent augmenter leurs connaissances dans ce domaine.

■ Le PLAISIR de se PROMENER dans la FORÊT

Se promener dans une forêt est une immersion dans la nature, dans « un autre monde », puisque les zones urbanisées ne sont généralement pas visibles depuis là.
Aussi, pour ne nombreuses personnes, la forêt est un lieu de déconnexion, de ressourcement.
La forêt est le lieu de vie de nombreuses espèces végétales et animales.
Si elle est généralement calme durant la journée, elle est souvent très animée en début de matinée et en soirée, notamment par le chant des oiseaux et par les animaux qui sortent à ces moments-là.

Suggestions de promenades dans de belles forêts

– forêt de pins à crochets de Cauterets, sur le chemin du Pont d’Espagne au lac de Gaube (à 1 heure, 300m de dénivelé)
– forêt de sapins au fond de la vallée du Louron, au départ du Pont de Prat, sur le chemin vers le refuge de la Soula (à 1h30 500 m de dénivelé), sur lequel se trouve également la flore remarquable des gorges de Clarabide.
– forêts de hêtres têtards de Bausen. Très beau circuit de 2h30 (400 m de dénivelé) dans le val d’Aran au niveau de la frontière
– circuit du pic du Gar 5h30 1100 m de dénivelé, en grande partie dans des cadres forestiers variés
– chemin du bois de Sarp (circuit pédagogique facile de 45 minutes, 120 m de dénivelé, montrant les différentes espèces d’arbres)

Suggestions de promenades dans de beaux endroits avec des arbres et des bancs, immédiatement accessibles

– parc de Capvern les Bains: chênes et hêtres (circuit plat de 15 minutes, immédiatement accessible depuis la piscine ludique municipale -pas le centre Edenvik-).
– parc de la tour médiévale de Cadéac (au-dessus d’Arreau)
– jardin Massey (Tarbes)

Prudence par rapport aux tiques

Certaines tiques sont vectrices de la maladie de Lyme, qui peut générer des complications graves si elle n’est pas traitée rapidement. 39.000 cas ont été diagnostiqués en France en 2023.
Il est fortement recommandé de porter des pantalons de couleur claire afin de repérer plus facilement les tiques qui s’y accrochent.
Il est possible d’attraper des tiques lors de tout contact avec la végétation: en s’asseyant sur un rocher, lors du passage dans des herbes hautes (en particulier les fougères qui en sont très porteuses), mais aussi en touchant par le haut du corps des petites branches d’arbres (souvent des noisetiers).
Dans un premier temps, durant la promenade, et au retour de celle-ci, il est essentiel d’inspecter ses pantalons et ses jambes. Ensuite, au moment de la douche, tout le corps doit être inspecté, y compris les parties peu visibles (le cou, le dos, le haut des cuisses, les parties génitales etc).
Lorsqu’une tique est plantée sur la peau, il faut l’enlever avec une pince à épiler, et contrôler, pendant 1 mois, qu’il ne se développe pas de cercle rouge (dit érythème) sur le corps. Si cela est le cas, la maladie doit être immédiatement soignée par des antibiotiques prescrits par un médecin.
Ce symptôme n’apparait pas toujours. Aussi, cette maladie est parfois difficile à détecter à partir de symptômes généraux tels qu’une fatigue inexpliquée.

2. RESTAURATION des HAIES

Les haies servent de perchoirs et de lieu de nidification pour de nombreuses espèces d’oiseaux.
En partie basse, les buissons sont notamment le lieux de vie de nombreux petits animaux (insectes, rongeurs, serpents etc).

Celles-ci limitent également le ravinement des sols sur les terrains en pente, et contribuent ainsi fortement à la préservation de la qualité des terres agricoles.
Par l’ombre générée, elles limitent également l’évaporation des sols, ce qui sera de plus en plus nécessaire à l’avenir.

La commune de Séméac a récemment mené un chantier de plantation de haies à cet effet.
De nombreux autres programmes de replantation de haies devraient être soutenus.

3. RESTAURATION des RIPISYLVES

[les arbres le long des cours d’eau]

■ La DESTRUCTION des RIPISYLVES, un FACTEUR ÉCOCIDE MAJEUR

La destruction de la ripisylve est un facteur majeur de destruction de l’écosystème des cours d’eau, même si ce n’est pas le seul.
Les autres principaux facteurs sont:
– le réchauffement climatique générant une hausse de la température de l’air ambiant et donc de l’eau, ainsi qu’une forte baisse du débit des cours d’eau en été, jusqu’à la disparition de certains cours d’eau à cette période.
– les nitrates issus des engrais de synthèse et des vaches qui pacagent au milieu des cours d’eau
– les produits écocides tels que les pesticides

La DESTRUCTION

Les ripisylves ont été en majeure partie détruites lors de ces dernières décennies, alors que jadis, celles-ci étaient précieusement préservées afin d’éviter une érosion des berges.
Cela constitue une illustration du déclin moral et intellectuel de notre société.

Les arbres ont été abattus pour le bois de chauffage (alors qu’il existe de grandes quantités de bois dans les forêts) et lors de campagnes aberrantes de « nettoyage des berges » par les pouvoirs publics dans les années 90.
Les arbres et buissons ne repoussent pas car la clôture électrique a été posée par les agriculteurs sur les arbres restants (tous les 10 ou 15 mètres), au plus près de l’eau. Les nouvelles pousses sont donc broutées par les vaches et les brebis.

CONSÉQUENCES

Les souches des arbres, baignant dans l’eau constituaient un espace de refuge pour les poissons, dans lesquels ils pouvaient se reposer et se protéger lors des crues.
De plus, cela enlève de l’ombre, ce qui entraîne une hausse de la température de l’eau en plus de celle liée au réchauffement climatique, ce qui entraîne également une baisse du taux d’oxygénation de l’eau.
Les arbres restant subissent plus fortement la pression de l’eau lors des crues et sont donc plus susceptibles d’être arrachés.

Les enrochements réalisés suite à l’érosion des berges à cause de destruction de la ripisylve ont supprimé ces lieux de refuge pour les poissons.
Certains charmants ruisseaux millénaires avec leur écosystème très riche ont été transformés en canaux presque morts.

Les conséquences sur la piscifaune sont flagrantes.
Jusqu’aux années 80, les cours d’eau du piémont pyrénéen regorgeaient de poissons, malgré les prélèvements importants effectués par les très nombreux pêcheurs.
Aujourd’hui, il est devenu rare de pouvoir observer des poissons dans les rivières et les ruisseaux locaux.
Les relevés des sociétés de pêche signalent une division par 5 du nombre de truites adultes entre 1990 et 2020 dans le ruisseau du Nistos. Sachant que la baisse avait déjà commencé avant 1990 et qu’elle s’est poursuivie après 2020, la division par 10 du nombre de truites est un ordre de grandeur tout à fait cohérent.
La disparition des pêcheurs en dehors des périodes de lâcher de truites d’élevage est également un signe indirect très visible de l’effondrement de la population de truites.

Par ailleurs, les arbres et les broussailles qui poussaient entre les arbres le long des berges abritaient également toute une biodiversité (flore, arbustes, oiseaux, rongeurs, serpents, libellules et autres insectes), a également été détruite.

L’INDIFFÉRENCE de la CLASSE POLITIQUE

Cette destruction de la ripisylve, et donc de l’écosystème des cours d’eau a été commise dans l’indifférence totale des élus locaux, sans que ceux-ci ne demandent la moindre étude sur les causes de cela, ni qu’ils ne prennent la moindre mesure de sauvegarde.
Aujourd’hui encore, alors que lors des conventions et autres ateliers citoyens sur le thème de l’eau, tous les citoyens concernés réclament une protection de la ripisylve, cette décision n’a toujours pas été prise.

Le BESOIN de RESTAURATION

Il est donc urgent de restaurer certaines ripisylves en préservant les arbres restants et en replantant des arbres là où ils ont été indument enlevés.
Des sanctions dissuasives doivent être appliquées pour ceux qui enfreindraient ces règles.

La Neste (dont les Neste d’Aure et du Louron), ainsi que le Gave de Pau sont les « grandes rivières » qui se prêtent le plus à la création de réserves car des lacs de retenue importants se trouvent en amont, ce qui permet d’alimenter ces cours d’eau en été.
Il est donc souhaitable de concentrer les moyens de restauration des ripisylves sur ces rivières.
Il est probable que d’ici quelques décennies, tous les cours d’eau des Pyrénées ne disposant pas de lac de retenue en amont, soient à sec en été. Cela est déjà le cas d’une grande partie des petits ruisseaux, qui coulaient, jadis durant toute l’année. Ce sera le cas prochainement des moyens et grands ruisseaux dont le débit est désormais très faible en été.
Enfin, la Neste et le Gave de Pau traversent des zones particulièrement touristiques qui se prêtent à la création de réserves.
Cela peut permettre également de réaliser des réserves à vocation touristique.
cf proposition de réserve sur la Neste du Louron entre Loudenvielle et Avajan.

Conserver les ripisylves des ruisseaux permettra tout de même d’éviter une érosion des berges lors des crues.
Par ailleurs, même s’il n’y a plus de piscifaune à cause des assecs, ces ripisylves pourront tout de même constituer des haies porteuses de biodiversité.

4. MUSÉE en LIGNE des GLACIERS

La PERTE d’un PATRIMOINE MAGNIFIQUE

Les glaciers des Pyrénées constituaient un patrimoine naturel magnifique, qui donnait tout son éclat à la haute montagne en été. Leur disparition est une perte majeure dans le paysage montagnard pyrénéen.
Le nom poétique de « neiges éternelles » était souvent employé pour désigner les glaciers.
Cela devrait nous inciter, de manière générale, à essayer de préserver le patrimoine naturel restant sur notre territoire.

Depuis 2001, l’association Moraine étudie l’évolution (ou plutôt la disparition progressive) des glaciers des Pyrénées.
Des photos anciennes montrent l’étendue et l’épaisseur de cet ancien patrimoine naturel, aujourd’hui quasiment disparu.

Cette photo (© Miguel Angulo) prise le 21 juillet 1989, montre les glaciers suspendus du Mont Perdu (3355 m, troisième sommet des Pyrénées), encore admirables à cette époque, sur cette face Nord de 800 m de dénivelé, devant le lac glacé. La moraine frontale et la moraine latérale, constituées de larges dépôts de sable, sont très visibles. Elles datent de 1850, fin du Petit âge glaciaire, correspondant à l’étendue maximale des glaciers.

Il est possible d’imaginer, à partir de ces photos d’époque, le paysage du cirque de Gavarnie avec tous ses glaciers suspendus (celui du Marboré, de la Cascade, de l’Epaule, du Casque, de la Brèche de Roland, du Taillon, du Gabiétous) desquels coulaient de nombreuses cascades.
De part sa beauté et son envergure, Victor Hugo disait qu’il était le « colosseum de la nature ».
Le somment du Vignemale était également entouré de glaciers d’une centaine de mètres d’épaisseur (celui d’Ossoue, du Petit Vignemale, des Oulettes de Gaube, et du Clot de la Hount).
L’étude remarquable de ces glaciers entre 1905 et 1911 permet de visualiser cela.

Depuis la fin du Petit âge de glace, le retrait général des glaciers a été ponctué de quelques modestes phases d’avancées, la dernière s’étant arrêté au milieu des années 80, avant l’accélération du réchauffement climatique.

Un mémorial et un musée en ligne des glaciers des Pyrénées seraient tout à fait justifiés.

AUTRES INCIDENCES

Cette disparition des glaciers et des névés estivaux entraîne également la disparition de certaines cascades durant une grande partie de l’année. Désormais, la grande cascade de Gavarnie ne coule plus lors de certaines périodes estivales. La disparition des cours d’eau à haute altitude durant une partie de l’année entraînera aussi la disparition de tout l’écosystème afférent. Cela affectera également le niveau des cours d’eau plus en aval, et donc leur écosystème.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *