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GRANDS PROJETS – BIOMASSE
Archive: ANCIEN PROJET FLORIAN à LANNEMEZAN
Il s’agissait d’un projet de méga scierie destinée à la fabrication de meubles devant être livrés sur le marché international.
Ce projet était porté par le maire de Lannemezan et sa majorité municipale, la Région, le Département et l’ADEME.
Il bénéficiait d’importantes subventions publiques.
Ce projet aurait porté gravement atteinte aux forêts des Pyrénées en triplant les prélèvements de bois de hêtre actuellement effectués sur le massif.
Il a pu être arrêté en 2022 en grande partie grâce au collectif Touche Pas à Ma Forêt qui a lutté contre ce projet durant 3 ans, organisant de nombreux évènements, et lancé une pétition ayant recueilli 64.000 signatures.
Une œuvre d’art, d’ailleurs financée par le Département, la grande souche des jardins de l’abbaye de l’Escaladieu, nous amène à nous interroger sur le bien-fondé des différents projets d’exploitation de la biomasse forestière.
1. PROJET E-CHO de CARBURANTS DITS DURABLES à LACQ
PRINCIPES de FABRICATION des E-CARBURANTS
(appelés également e-fuel en anglais, le « e » étant l’initiale de « électrique » ou « électrolyse » de l’eau)
D’un point de vue technique, il est possible de fabriquer des carburants de synthèse identiques aux carburants à base de pétrole (kérosène pour l’aviation, fioul pour le transport maritime).
Celui-ci peut être produit en association des composés de carbone et d’hydrogène.
L’hydrogène peut provenir de l’électrolyse de l’eau sous forme de de dihydrogène (H2).
Le carbone peut être récupéré à partir de la combustion de biomasse ou des émissions de CO2 des cimenteries ou autres industries.
Ces e-carburants ne concernent pas les voitures qui seront électriques à batterie, comme les camions ou les trains sur de courtes distances.
Les avions et les cargos effectuant de longues distances ne peuvent pas utiliser de batterie. En effet, le poids théorique des batteries à embarquer empêcheraient ces moyens de transport de fonctionner.
Un PROCÉDÉ TRÈS COÛTEUX
Le coût industriel du kérosène de synthèse est actuellement d’environ 10 fois celui du kérosène à base de pétrole selon le PDG de Total auditionné par le Sénat en février 2024, à 5 minutes 25 secondes du début de la vidéo.
Même si le coût de ces carburants venait à diminuer avec leur développement industriel, il semble impossible qu’ils puissent atteindre un coût industriel proche de celui du kérosène à base de pétrole. En effet, le procédé est complexe et les ressources nécessaires importantes.
Les projets en cours n’auraient jamais vu le jour sans de très importantes subventions décidées au niveau européen dans le cadre du Pacte vert européen de 2019, visant la neutralité carbone dans tous les domaines d’ici 2050.
Le PROJET E-CHO
L’AMPLEUR du PROJET E-CHO
Ce projet est porté par la société Elyse Energy.
Le e-kérosène fabriqué est sensé générer 70% de réduction d’émissions de gaz à effet de serre par rapport à celui à base de pétrole.
Le projet comporte 3 usines:
– une usine de fabrication d’hydrogène à partir d’électrolyse de l’eau (HyLacq)
– une usine de fabrication de e-méthanol (eM Lacq) à destination du transport maritime et l’industrie chimique, qui produirait 50.000 tonnes/an
– une usine de fabrication de e-kérosène (eM Lacq) à destination du transport aérien, qui produirait 28.000 tonnes/an de naphta (mélange d’hydrocarbures) et 87.000 tonnes/an de e-kérosène
L’investissement est d’environ 2 milliards d’euros.
Ce projet de très grande ampleur prévoit de prélever 500.000 tonnes de bois par an dans un rayon de 400 km. Son impact est donc particulièrement important.
Cela représente un ordre de grandeur de 1 million de m3 de bois, soit le volume d’un cube de 100 mètres de côté.
Cela correspond également à un ordre de grandeur de 3.000 m3 de bois par jour, soit le volume de 3 cubes de 10 mètres de côté.
Par ailleurs, plus le bois est prélevé à une distance importante de son lieu d’utilisation, plus son impact carbone est élevé, étant donné les émissions générées par le transport routier.
Ses CONSÉQUENCES
Ce projet affecterait fortement la biodiversité et les paysages en prélevant des quantités de bois considérables.
L’ensemble de l’écosystème forestier des Pyrénées serait fortement affecté.
Cela touche également à notre plaisir de pouvoir se promener dans de beaux espaces forestiers, riches de biodiversité cf patrimoine naturel.
Les prélèvements en eau qui sont prévus peuvent paraître relativement limités en proportion du débit actuel du Gave de Pau. Cependant, ce débit va devenir de plus en plus faible à la saison sèche, ce qui rendrait ces prélèvements de plus en plus problématiques.
Ce projet génèrerait également une certaine pollution au niveau de l’air par le nombre de camions circulants avec de lourdes charges sur des distances importantes pour acheminer le bois.
Un RÉSULTAT TRÈS LIMITÉ
Malgré cette utilisation considérable de ressources dans un rayon de 400 km, le projet ECHO ne fournirait que 1,3% du carburant nécessaire aux avions qui décollent de France, et ne réduirait que de 1% son empreinte carbone.
La quantité de biomasse disponible en France ne permettrait en aucun cas de fabriquer une part importante du kérosène par ce procédé. Celui-ci constitue donc une voie sans issue.
Le TRÈS MAUVAIS CHOIX POLITIQUE D’AFFECTER
des RESSOURCES ESSENTIELLES à des USAGES NON ESSENTIELS
RESSOURCES NATURELLES
La biomasse forestière devrait être réservée aux usages ESSENTIELS:
– chauffage en complément du solaire thermique ou de la géothermie
– matériaux de construction
avec de bonnes pratiques de prélèvement permettant de limiter l’impact sur la biodiversité
Ce projet entraînerait nécessairement une hausse du prix du bois pour les usages essentiels.
La biomasse forestière ne devrait pas être utilisée pour un usage NON ESSENTIEL tel que prendre l’avion.
De même, il convient également de réserver l’eau aux usages essentiels (eau potable, eau domestique, usages industriels de base), et non pas à des usages non essentiels tels que celui-ci.
Le Nord Ouest de la France ne devrait pas s’assécher à l’avenir, contrairement au Sud de la France.
Il se prête davantage aux prélèvements en eau pour fabriquer de l’hydrogène. La puissance éolienne importante pourrait apporter l’électricité nécessaire à cela.
RESSOURCES FINANCIÈRES
L’argent public devrait également servir à soutenir les secteurs essentiels et non pas ce type de produits non essentiels cf Réorientation de l’économie.
Les transports aériens et maritimes n’ont pas à être subventionnés.
Par ailleurs, la dette publique (très élevée) doit être maîtrisée en évitant d’engager des fonds publics dans ce genre de projet.
RESSOURCES HUMAINES
Il en va de même du personnel qui travaillerait dans ces usines, qui constitue une ressource humaine qui serait très mal employée, alors que des secteurs essentiels manquent de personnel.
La VÉRITABLE RAISON de ces PROJETS ABERRANTS
L’origine de cela réside dans le pouvoir démesuré que possède manifestement le lobby du secteur aérien, avec la complaisance des politiques néolibéraux au pouvoir.
Ce pouvoir du lobby du transport aérien se manifeste également par d’autres aberrations qui perdurent depuis au moins 30 ans: l’absence de taxation du kérosène, les subventions aux compagnies à bas prix, ou encore le versement de subvention directes au secteur.
Etant donnée l’aberration de ce projet au niveau de l’intérêt général, le véritable but de cela ne semble être que d’essayer de verdir l’image du transport aérien, soit effectuer du « greenwashing » cynique.
En effet, ce carburant (pas si écologique) ne serait intégré qu’en proportions négligeables, et sa fabrication utiliserait des ressources essentielles qui auraient dû être utilisées pour d’autres usages.
Par ailleurs, les élus locaux, eux aussi néolibéraux, se jettent sur la moindre possibilité de projet au nom de la création d’emplois, sans vision à long terme, et au mépris du paramètre environnemental.
Cela s’inscrit également dans un manque de véritable démocratie dans laquelle le référendum local ou national n’est quasiment jamais employé, malgré les outils numériques actuels.
AVENIR du TRANSPORT AÉRIEN
Etant donné son caractère non essentiel et polluant, l’avenir du secteur aérien est à sa réduction, contrairement à ce qui prévoit ce secteur.
Le secteur aérien doit assumer seul, sans subventions ni atteintes majeures à l’environnement sa transition énergétique. Les voyageurs aériens doivent également payer le coût économique et écologique complet de leurs déplacements, ce qui en diminuera nécessairement le nombre.
cf Economie – secteur aérien.
Le groupe Airbus a d’ailleurs largement les moyens d’investir dans la recherche de solutions alternatives à base d’hydrogène. En effet, lors des exercices 2022, 2023 et 2024, il a réalisé environ 4 milliards d’euros de bénéfices net par an. Il peut également s’associer à d’autres groupes tels que Total Energies qui réalise des bénéfices colossaux, ou le groupe Air Liquide qui réalise également des bénéfices importants.
AVENIR du TRANSPORT MARITIME
L’avenir du transport maritime est également à sa réduction.
La France doit se réindustrialiser et importer moins de produits d’Asie.
Néanmoins, des échanges importants perdureront, avec un coût de transport plus important qu’aujourd’hui parce que le carburant d’origine non fossile sera beaucoup plus coûteux.
LUTTE CONTRE ce PROJET
POLITIQUE ÉNERGETIQUE
Plutôt que de dilapider l’argent public dans ce projet de e-carburants, qui génèrerait, de plus, de nombreux problèmes, l’Etat devrait soutenir davantage les investissements dans:
La sobriété énergétique par
– la rénovation thermique de l’habitat
– la densification raisonnable de l’habitat (avec également sanction des incivilités)
– des transports en commun efficaces, au coût par km●passager acceptable
Des systèmes de production d’énergie peu ou moyennement carbonés
– les énergies renouvelables thermiques (solaire thermique et géothermie, le chauffage au bois ne devant servir que d’appoint).
– les ombrières photovoltaïques sur tous les parkings de grandes surfaces
– le stockage de l’énergie à court terme par batteries (devant être recyclables) et stations de transfert d’énergie par pompage.
– Les moyens pilotables massifs de production d’électricité, que sont le nucléaire ou/et les centrales à gaz fossile, ces dernières étant des compléments indispensables aux énergies variables photovoltaïques et éoliennes.
Ces deux moyens de production d’électricité comportent bien des inconvénients mais restent indispensables à la société.