ÉNERGIES DÉCARBONÉES

(Il s’agit d’un certain abus de langage car « énergies bas carbone » serait plus juste, mais « énergies décarbonées » est plus parlant)

1. VISION GÉNÉRALE du MIX ÉLECTRIQUE FRANÇAIS

Celle-ci est visible sur le site de RTE ainsi que sur le site de l’organisme allemand Fraunhofer.
Celui-ci propose une vision du mix électrique de certains autres pays européens.
[Dans la partie « Sources, production », sélectionner « total ».]
Les données relatives aux pays suivants sont correctes:
Allemagne, France, Belgique, Danemark, Suède, Norvège, Pologne, Italie, Espagne, Portugal.
Les données présentées relatives aux autres pays sont largement erronées.

En 2023, le nucléaire assure, en France, l’essentiel de la production (environ 67% de la production totale)
L’hydraulique au fil de l’eau (le long des cours d’eau) représente 8%. Cette énergie n’est pas pilotable, mais elle est moins variable que les énergies photovoltaïques et éoliennes.
L’éolien représente 10% de la production électrique et le photovoltaïque 5%.
Les énergies de compensations de ces énergie variables sont l’hydraulique de barrage qui représenterait 3% de la production nette, (mais davantage que cela en tenant compte du pompage-turbinage), et les centrales thermiques au gaz naturel, qui représentent 6%.

La France échange en permanence avec les pays voisins via les interconnexions notamment afin d’exploiter le foisonnement des énergies variables, en particulier de l’éolien.
Cette énergie est donc redistribuée à l’échelle européenne, ce qui diminue la variabilité de l’électricité d’origine éolienne dans chaque pays.
Cela permet également d’optimiser l’utilisation des centrales thermiques au gaz et au charbon, en « back-up » de ces énergies variables et en fonction de la demande. La France possède peu de centrales thermiques à combustible fossile, mais utilise celles de ses voisins, notamment en période hivernale de pointe.

2. Le NUCLÉAIRE

ÉVOLUTION HISTORIQUE

La France a massivement investi dans le nucléaire civil (dit aussi électronucléaire) dans les années 70 et 80 suite aux chocs pétroliers des années 70. Elle est le seul pays au monde à avoir investi proportionnellement autant dans ce mode de production d’électricité.
20 ans après le lancement du plan Messmer, 40 réacteurs nucléaires (de modèle américain) étaient en fonctionnement. Cela fut une grande réussite industrielle.
Lors de ces dernières années, les réacteurs actuels ont subi un programme de rénovation dit « grand carénage » afin de prolonger leur exploitation au-delà de la durée initialement prévue de 40 ans.

La France a décidé de renouveler partiellement le parc nucléaire actuel avec le programme EPR, dont les premiers de série ont connu de grandes difficultés notamment à cause de la perte de savoir-faire due à une période longue sans construction de réacteur, et d’un modèle d’origine franco-allemand trop compliqué à construire. L’EPR2 se veut plus simple à construire.

PAS d’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE

La France utilise des Réacteurs à Eau Pressurisée (REP) qui consomment de l’uranium enrichi, c’est-à-dire de l’uranium dont le taux d’uranium 235 (naturellement fissile) est augmenté par rapport au taux présent dans l’uranium naturel (0,7%).
Contrairement à ce qui a été raconté pendant longtemps, le nucléaire, dans sa forme actuelle, ne permet aucunement à la France d’être indépendante au niveau énergétique puisque l’intégralité de l’uranium est importée.
La France pourrait être autonome en énergie pour environ un millier d’années à condition d’utiliser l’uranium 238 (99,3% de l’uranium) qu’elle possède en stock, dans des réacteurs à neutrons rapides. La filière française avait d’ailleurs envisagé cela dès les années 70 avec la construction des prototypes Phénix puis Superphénix (abandonné en 1997), puis le projet Astrid (abandonné en 2018).
La Russie et la Chine poursuivent leurs expérimentations dans ce domaine. Un réacteur de ce type, le BN 800, fonctionne actuellement en Russie, sans uranium 235. Les réacteurs à neutrons rapides sont néanmoins plus coûteux que les réacteurs actuels au niveau de la construction et du cycle du combustible.
Quant aux réacteurs à fusion nucléaire, dits aussi tokamaks, ceux-ci n’en sont qu’au début du stade expérimental et leur éventuelle mise en service commercial n’interviendrait qu’à très long terme.

AVANTAGES

Parmi les avantages du nucléaire
– il s’agit d’une énergie bas carbone
– il peut produire en permanence (contrairement aux énergies variables)
– il est pilotable pour répondre aux fluctuations de la demande, sans être aussi flexible que les centrales thermiques à gaz.
– il limite également le nombre d’éoliennes que l’on peut voir dans un territoire.
Il est également peu consommateur de ressources car l’énergie nucléaire est extrêmement concentrée, contrairement aux énergies variables éoliennes et photovoltaïques qui sont très diffuses et qui nécessitent de grands dispositifs de collecte de ces énergies.

INCONVÉNIENTS

Le risque d’accident constitue un inconvénient important.
Néanmoins, les deux principaux accidents qui ont eu lieu dans le monde ne pourraient pas se produire en France. Celui de Tchernobyl est dû à un modèle de réacteur qui n’est plus construit depuis longtemps et à un manquement total aux règles de sécurité. Celui de Fukushima est dû au fait que la centrale était construite, de manière aberrante, seulement 6 mètres au-dessus du niveau de la mer dans une zone fréquemment affectée par des tsunamis.
Toutefois, ces risques doivent être appréciés par rapport à ceux des autres moyens de production d’électricité. Aussi, les barrages constituent également un risque important. La rupture du barrage de Malpasset, dans le Var, en 1959 le rappelle. Pour autant, l’hydraulique de barrage est indispensable à la production d’électricité de pointe, et désormais aux compensations des fluctuations des énergies variables éoliennes et photovoltaïques.
De plus, l’association, dans l’inconscient collectif entre une centrale nucléaire et la bombe atomique, aboutissant à la fin du monde, a généré une peur exagérée de l’accident nucléaire.
Il convient également de rappeler que si les centrales thermiques à combustible fossile ne possèdent pas ce risque, elles contribuent, de manière majeure au réchauffement climatique et les centrales à charbon créent, de plus, une forte pollution par les particules émises.

Les déchets ultimes à stocker représentent un volume gérable.
Leur incinération dans des réacteurs à neutrons rapides permettrait d’en diviser encore par 10 la quantité.

Actuellement, le principal inconvénient est celui du coût.
En effet, le coût des premiers EPR a été très élevé et celui envisagé pour les EPR2 sera également élevé.
Le nucléaire a été une énergie compétitive, dans le cadre du plan Messmer, parce qu’un grand nombre de réacteurs ont été construits sur le même modèle, et que celui-ci fonctionnait correctement.

Par ailleurs, si le coût de l’uranium 235 est aujourd’hui faible, celui-ci ne peut qu’augmenter à l’avenir étant donné la raréfaction du minerai. Cela dépendra largement du nombre de réacteurs que la Chine mettra en service.
Les réserves sont limitées à environ un siècle au rythme de consommation actuel, c’est-à-dire 10% de la production d’électricité au niveau mondial.

3. Les ÉNERGIES VARIABLES

outre l’hydraulique au fil de l’eau, qui est exploitée au maximum, et qui est une énergie moins variable que le photovoltaïque ou l’éolien.

Le PHOTOVOLTAÏQUE

Il s’agit de la source d’énergie qui possède actuellement le plus fort taux de croissance et le plus fort potentiel, au niveau mondial.

Les TYPES d’INSTALLATIONS

Le photovoltaïque sur les toitures des maisons individuelles a coûté très cher par rapport aux installations de moyenne et grande taille qui effectuent des économies d’échelle importantes lors du montage de ces installations. Ces dernières supportent néanmoins des coûts de raccordement au réseau qui peuvent être conséquents.
L’Etat devrait faire toute la lumière sur les coûts réels pour la société de chaque type d’installation photovoltaïque.
Il est préférable, à ce jour, de concentrer les moyens de mise en place d’installation photovoltaïques au niveau des grands parkings, sur les toitures des grands locaux professionnels tels que les hangars agricoles, et des centrales photovoltaïques au sol dans les zones de friche.

L’AGRIVOLTAÏSME

Les fermes photovoltaïques visent un double objectif: la production d’électricité et la préservation de l’humidité des sols en période estivale, par l’ombre générée. Cela semble particulièrement nécessaire dans les décennies à venir étant donné le réchauffement climatique.

Il existe différents types de solutions agrivoltaïques.
Les centrales fixes au sol permettent peu de possibilités d’utilisation des sols en-dehors du pacage des brebis.
Les centrales dynamiques avec des panneaux ajustables situés en hauteur à 5 mètres du sol permettent une meilleure gestion de l’ombre générée et davantage de possibilités de culture. Celles-ci sont en phase d’études avancées.

Toutefois, l’agroforesterie, qui consiste à planter des haies autour des prés et des arbres au milieu des prés, est une autre solution pour préserver l’humidité des sols. Cela est davantage favorable à la biodiversité que l’agrivoltaïsme, notamment en ce qui concerne les oiseaux et les animaux sauvages.
Cela permet une agriculture de proximité plus variée, alors que les possibilités d’utilisation des sols sous les panneaux photovoltaïques fixes sont plus limitées.
Sur les terrains en pente, les haies limitent également l’érosion des sols, qui sera de plus en plus forte étant donné l’accroissement des périodes de chaleurs et de très fortes pluies.

L’agroforesterie semble donc à privilégier par rapport à l’agrivoltaïsme, dont le développement effréné actuel pose question.
Derrière cela se trouve également la question de la part de nucléaire dans le mix électrique car plus celle-ci sera élevée, moins il sera nécessaire de réaliser des centrales photovoltaïques sur des sols agricoles.

En outre, l’agrivoltaïsme peut constituer une certaine « industrialisation des paysages » par rapport aux paysages champêtres, causant une pollution visuelle dommageable, notamment dans les zones touristiques.
La question de l’agrivoltaïsme n’est donc pas qu’un choix énergétique. C’est aussi un choix de société.

L’ÉOLIEN

L’épineuse question de l’éolien ne se pose pas dans le département, qui est peu venté.

La pollution visuelle et sonore que cela engendre est indéniable.

Néanmoins, malgré ses inconvénients (cf ci-dessous) une part conséquence d’éolien dans le mix électrique français semble nécessaire, étant donné le retard pris dans le programme de nouveaux réacteurs nucléaires et le fait que l’uranium 235 actuellement consommé dans les réacteurs est en quantité limité sur Terre.
L’éolien en mer possède un meilleur facteur de charge, notamment en période anticyclonique, et génère moins de pollution visuelle et sonore. Il est toutefois plus coûteux.

Le parc éolien national devra servir également en grande partie à la fabrication d’hydrogène.

AVANTAGES

Le coût de ces énergies variables a diminué à mesure qu’un gigantesque marché mondial s’est développé.
Ces énergies sont donc aujourd’hui financièrement compétitives, à condition que les compensations de variabilité soient effectuées principalement par des centrales thermiques à combustibles fossiles polluantes. La crise du gaz de 2022 avait fait exploser temporairement leur prix, qui est ensuite redescendu aux niveaux d’avant crise.

INCONVÉNIENTS

La VARIABILITÉ

La production de ces énergies variables (somme de production du photovoltaïque et de l’éolien) est déconnectée de la demande, en-dehors du fait qu’une part modérée de photovoltaïque s’inscrit dans le surplus de consommation diurne, par rapport à la consommation nocturne.

Le photovoltaïque produit de manière intermittente et variable. A l’échelle de la France, la production varie de 1 à 2 en période estivale, selon la couverture nuageuse, ce qui implique des moyens de régulation conséquents.
Sa production est également limitée en automne et hiver. A l’échelle de l’année, la production est beaucoup plus régulière dans le Sud que dans le Nord de l’Europe. Le rapport de production entre les mois de juin et de décembre 2023 est de 2,2 en Espagne contre 10,6 en Allemagne.

En France, la production éolienne peut varier de 1 à 10 sur l’ensemble d’une journée, à l’autre. malgré le foisonnement national, qui fait que les variations de production au niveau national sont moindres qu’au niveau local.
La production est globalement forte lors des périodes dépressionnaires et globalement faible lors des périodes anticycloniques.
De plus, les périodes anticyclonique hivernales, au cours desquelles la demande est maximale (à cause du chauffage électrique) correspondent à une faible production éolienne et photovoltaïque.

Des COMPENSATIONS POLLUANTES

Les énergies variables photovoltaïques et éoliennes ne peuvent être couplé qu’avec un parc de centrales thermiques à gaz, fortement émettrices de CO2. Celles-ci doivent être prête à prendre immédiatement le relais lorsque la production éolienne nationale devient faible et que les régulations par les moyens de stockage journalier et les interconnexions sont insuffisantes. Ceci est généralement un non-dit de la part des pourfendeurs du nucléaire, et thuriféraires de ces énergies variables.
Les capacités de régulation par l’hydraulique de barrage sont également déjà largement dépassées.
Le nucléaire diminue également sa production en période de forte production éolienne mais cela affecte sa compétitivité en générant des surcoûts et il est probable que cela génère une usure prématurée des réacteurs.

DÉFIS

Le photovoltaïque et l’éolien doivent utiliser moins de cuivre et de métaux rares et être conçus de telle manière à ce que ces dispositifs soient presque entièrement recyclables.
Des progrès importants sont également attendus au niveau des batteries, dont le développement est plus récent que celui du photovoltaïque ou de l’éolien.

4. GESTION de la VARIABILITÉ

1. MOYENS de COMPENSATION

Les centrales thermiques à combustibles fossiles (gaz fossile, charbon et fioul), l’hydraulique de barrage à accumulation annuelle et les STEP (cf ci-dessous) sont les moyens de compensation les plus utilisés.

Les CENTRALES THERMIQUES ÉLECTRIQUES à BIOMASSE

Celles-ci sont un autre moyen de compensation.
Néanmoins, l’impact carbone est conséquent étant donné les émissions émises lors de le la coupe et du transport (environ la moitié de celui des centrales à gaz).
Leur rendement est d’environ 33% comme les autres centrales thermiques. A contrario, le rendement d’un poêle à bois récent est de 80 à 90%.
Cette ressource est néanmoins limitée étant donnée toutes les utilisations qui en sont faites: chauffage, alimentation, espaces préservés pour la biodiversité.
La puissance de centrale de biomasse installée doit donc être limitée et ces centrales à biomasse ne devraient fonctionner qu’en suivi de charge, lors des périodes durant lesquelles les productions variables photovoltaïques et éoliennes sont faibles (comme cela est le cas au Royaume-Uni et au Danemark) et non pas en permanence comme cela est le cas ailleurs, notamment en France.
Le Royaume-Uni importe pour cela de grandes quantités de bois en provenance d’Amérique du Nord et le Danemark importe du bois du Nord Est de l’Europe. Cela a donc un impact écologique important ailleurs que dans ces pays.

2. MOYENS d’ADAPTATION

La FLEXIBILITÉ des USAGES

Certains usages sont flexibles. Il est notamment possible de profiter des périodes de production élevée des énergies variables pour faire fonctionner les appareils électroménagers, chauffer le cumulus d’eau chaude, recharger la batterie d’une voiture électrique. Etant donné le fort développement de ces énergies variables, en particulier l’énergie photovoltaïque, des tarifs variables de l’énergie seront inévitablement mis en place.

Les EFFACEMENTS

Une partie du parc éolien peut être simplement mis à l’arrêt en période de surproduction.
On peut imaginer que mettre à l’arrêt une éolienne permet de prolonger sa durée d’exploitation car certains matériaux ne s’usent que lorsque l’éolienne est en fonctionnement. Toutefois, des études précises devraient être menées dans ce domaine.
Les installations photovoltaïques peuvent également être déconnectées du réseau.

3. Les DISPOSITIFS de STOCKAGE

Les BATTERIES au LITHIUM

Elles constituent un nouveau moyen de stockage.
Leur rendement est de l’ordre de 90%, la durée de stockage actuellement utilisée est de 1 à 4 heures.
Elles servent principalement à atténuer, chaque jour, la montée et la descente de puissance des fermes photovoltaïques sur le réseau.

Les STEP

(Station de Transfert d’Energie par Pompage), dites aussi stations de pompage-turbinage.
Exemple de la STEP de La Muela 2 en Espagne (province de Valence) [aperçu en 1 minute]
Exemple de la STEP de Montézic en France (Aveyron) [présentation très approfondie en 26 minutes]

● PRINCIPE

L’eau est pompée lors des heures creuses (durant la nuit et durant le week-end) pour être ensuite turbinée lors des heures de pointes.
Le rendement est d’environ 80% et la durée de stockage est comprise entre 8 et 30 heures, selon les installations. Il existe environ 10% de pertes énergétiques lors du pompage et autant lors du turbinage.

ÉVOLUTION du RÔLE des STEP

Un parc de 6 STEP a été construit en France dans les années 70/80.
La puissance totale installée est de 4 GW en pompage et de 5 GW en turbinage.
Ce parc était un complément nécessaire au parc nucléaire de première génération qui ne pouvait pas effectuer de suivi de charge, afin de mieux adapter à la demande la production électrique à base de nucléaire.

Aujourd’hui, ce moyen de stockage est largement mis à contribution pour compenser les fluctuations des énergies variables photovoltaïques et éoliennes.
Les STEP sont le complément idéal du photovoltaïque afin de lisser cette production électrique sur l’ensemble de la journée.
Néanmoins, les moyens français sont aujourd’hui largement dépassés
par rapport aux capacités éoliennes (23 GW) et photovoltaïques (18 GWc) installées début 2024.

On peut considérer, dans les scénarios de RTE, une déconnexion entre les immenses capacités photovoltaïques prévues et les faibles moyens de stockage journaliers prévus.

● Le CHOIX ACTUEL entre GIGA BATTERIES et STEP

Même si le coût du stockage de l’électricité par des batteries a fortement diminué lors de ces dernières années, le coût du stockage par pompage-turbinage reste moindre.
Si les batteries deviennent un moyen de stockage moins cher et permettant les mêmes capacités que les STEP, alors le développement des STEP pourrait être suspendu. Cependant, cela est encore loin d’être le cas.

● Un BLOCAGE INACCEPTABLE au niveau EUROPÉEN

Or ce moyen de stockage de l’énergie n’est plus développé en France, alors que certains pays comme la Suisse, l’Australie et surtout la Chine continuent à investir massivement dans ce domaine. EDF explique que la Commission Européenne souhaite mettre en concurrence les concessions de gestion des barrages, et que dans cette perspective, si EDF faisait des investissements dans ce domaine, cela pourrait bénéficier à d’autres entreprises.
Les gouvernements français ont indirectement laissé bloquer par la Commission Européenne le développement de nouvelles STEP, pourtant indispensables à l’intégration des énergies variables. Il peut leur être reproché de ne s’être pas s’être tout simplement assis sur les recommandations de la Commission Européenne comme ont su le faire l’Espagne et le Portugal à propos des prix de l’électricité.

● OPPORTUNITÉS dans les HAUTES-PYRÉNÉES

Le département des Hautes-Pyrénées possède la géographie nécessaire et de grands équipements hydroélectriques sont déjà en place.
Une STEP utilisant les lacs de Cap de Long et les lacs reliés d’Orédon et de l’Oule serait techniquement envisageable avec une hauteur de chute d’environ 350 m. Une autre installation comprenant un barrage près de la centrale de Pragnères disposerait d’une hauteur de chute d’environ 1200 m.
L’énergie délivrée étant proportionnelle à la hauteur de chute (et au débit), cela permettrait d’utiliser un moindre volume d’eau à puissance et capacité électrique égale.
Cependant, faute de volonté politique lors de ces dernières années, il est peu probable que ces projets soient conduits un jour, alors qu’ils seraient pourtant fortement créateurs de richesse sur notre territoire.
Par ailleurs, la construction d’un nouveau barrage génèrerait probablement des oppositions locales. Cela fut le cas en Allemagne, ce qui a grandement contribué à faire arrêter le programme de construction de STEP dans ce pays, même si cela a pour conséquence de faire brûler davantage de charbon et de gaz pour produire de l’électricité.

Les BALLONS d’EAU CHAUDE

L’énergie peut être stockée sous forme de chaleur dans des ballons d’eau chaude de capacité importante, permettant de tenir durant plusieurs jours.

L’HYDROGÈNE

● Un RENDEMENT FAIBLE

Le stockage de l’énergie par hydrogène permet d’emmagasiner de grandes quantités d’énergie, sur le long terme, mais ce moyen est extrêmement coûteux. En effet, son rendement complet est, au mieux, de l’ordre de 30%. Le rendement de l’électrolyse est de l’ordre de 70%, celui de la compression du gaz de 85% et celui de la pile à combustible de 50%, ce qui donne un rendement complet de 0,7 x 0,85 x 0,5 = 30%.
De plus, ces installations d’électrolyse, de stockage, de distribution et les piles à combustibles ou centrales thermiques devant réinjecter de l’électricité sur le réseau, sont très coûteuses.
Les piles à combustibles peuvent également servir à alimenter des moteurs électriques de locomotives, avec le même coût global très élevé.

● MOYEN de TRANSPORT à BATTERIE vs à HYDROGÈNE

Remarque préalable: une voiture à hydrogène possède un moteur électrique et non pas un moteur à combustion.
Une voiture électrique à batterie aurait un rendement à la source, jusqu’au moteur électrique, de 80% minimum, en considérant qu’il y aurait 10% de pertes énergétiques lors de la charge et de la décharge de la batterie.
La voiture électrique à hydrogène possède un rendement à la source, jusqu’au moteur électrique d’environ 25%, ce qui constitue environ le tiers du rendement de la voiture à batterie.
Il en va de même pour les trains sur des courtes distances. Sur des longues distances, la masse de batteries embarquées serait trop importante. Dans ce cas, le train à hydrogène semble la seule option possible.

● Des CHOIX POLITIQUES TRÈS DOUTEUX

Les subventions très importantes, pour le développement massif de l’hydrogène, qui ont été décidés au niveau européen sous l’influence de lobbies, semblent donc peu pertinentes.
Cela a des conséquences dans les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne au niveau de l’exploitation de la ligne de train rénovée Montréjeau-Luchon, qui prévoit l’utilisation de motrice à hydrogène sur une courte distance de 36 km, ce qui est particulièrement aberrant.

● AUTRES USAGES PLUS PERTINENTS

L’hydrogène est néanmoins nécessaire pour fabriquer de l’engrais pour l’agriculture, et de l’acier pour l’industrie.

5. ÉNERGIES RENOUVELABLES THERMIQUES

Les POMPES à CHALEUR

sont utilisées depuis longtemps. Elles permettent un gain important par rapport au chauffage électrique classique.
Elle sont alimentées par de l’électricité d’origine nucléaire ou qui provient du système à base d’énergies variables photovoltaïques et éoliennes.

Le SOLAIRE THERMIQUE avec STOCKAGE ANNUEL

est une solution utilisée en Europe du Nord

Le solaire thermique est largement utilisé pour la production d’eau chaude. Cela est moins utilisé pour chauffer les habitations. Les pompes à chaleur se sont imposées sur ce marché à partir des années 2000.

Le solaire thermique avec stockage annuel est une solution intéressante à condition d’utiliser un grand réservoir annuel permettant d’alimenter un écoquartier.
En effet plus la masse (et donc le volume) de stockage est important, plus le pourcentage de perte est faible.

Cela évite donc le recours à des moyens de pointe polluants (gaz ou bois). Cette solution a été peu développée tant que le coût du gaz (ou du bois) était faible, mais les perspectives de hausse du coût de l’énergie devraient conduire à une reconsidération de cette solution. Du moins, des études indépendantes devraient faire à nouveau le point sur le coût de cette solution par rapport aux autres solutions de chauffage.

LA BIOMASSE

Le bois est une source d’énergie locale, mais peu écologique.
Il ne s’agit pas d’une source d’énergie bas carbone car une grande quantité d’énergie est consommée lors de la coupe du bois par les engins forestiers, puis lors du transport par camion, d’autant plus que la distance parcourue est longue. Il faut également prendre en compte le fait que ces appareils puissants ont généré d’importantes émissions de GES lors de leur fabrication.

De plus, contrairement à ce qui est indiqué par les pouvoirs publics, le bois n’est qu’une énergie partiellement renouvelable car étant donné l’assèchement des sols lié au réchauffement climatique, une moindre quantité de biomasse repoussera là où des arbres auront été prélevés. Dans les Pyrénées centrales, une végétation de type méditerranéen, moins dense, succède à la végétation de l’ancien climat océanique tempéré.
L’impact carbone est par conséquent important, probablement proche de celui du gaz naturel. Il faudrait également remettre dans la forêt les cendres du bois brûlé pour ne pas appauvrir le sol.
Néanmoins, le bois mort qui se décompose au sol libère également le CO2 qui avait été stocké dans le bois vivant.

L’utilisation de la biomasse forestière pour le bois d’œuvre et des matériaux d’isolation, est donc le seul moyen de piéger le CO2.

Le chauffage au bois ne devrait donc être utilisé qu’en dernier recours, lorsque la production éolienne est insuffisante ou lorsque le rendement des pompes à chaleur est faible, en période de froid intense.
Il en va de même du bioéthanol.

6. Le CHOIX entre le NUCLÉAIRE et RENOUVELABLES

CORRECTION dans la PRÉSENTATION de la QUESTION

Le nucléaire, qui est un système de production presque complet ne peut pas être remplacé seulement par les énergies variables éoliennes et photovoltaïques. (Prétendre le contraire relève de la démagogie).
Il peut l’être par le système complet suivant:
– éolien + photovoltaïque et les extensions de réseau afférentes
– interconnexions (pour utiliser le « foisonnement » des énergies variables ».
– stockage journalier par STEP et batteries
– back-up par (un peu) d’hydraulique de barrage à accumulation annuelle, (un peu) de centrales thermiques à biomasse (avec impact carbone moyen), beaucoup de centrales thermiques à gaz fossile (avec impact carbone fort) ou/et au charbon (avec impact carbone très fort).

Un CHOIX DIFFICILE

Il est difficile de choisir le niveau d’investissement dans de nouveaux réacteurs nucléaires.
Cela nécessite de faire un pari sur l’évolution du coût des énergies variables photovoltaïques et éoliennes, et de leurs moyens de stockage.
Celles-ci restent à ce jour dépendantes des énergies fossiles car les centrales thermiques à combustible fossile prennent le relais lorsque la production des énergies variables est faible (typiquement en période anticyclonique hivernale). Le stockage à long terme, par hydrogène, reste, à ce jour beaucoup trop coûteux.

DÉCISIONS en FRANCE et dans le MONDE

Aujourd’hui, le nucléaire est un sujet qui divise toujours autant la classe politique française.
La gauche alternative, à l’exception du Parti Communiste, veut en sortir.
La droite nationale veut le développer au maximum et demande un moratoire sur le développement de l’éolien.
Un large centre néolibéral a choisi de renouveler partiellement le parc nucléaire actuel avec le programme EPR.

Néanmoins, aujourd’hui dans le monde, bien plus de systèmes à base d’énergies variables que de réacteurs nucléaires, sont mis en service.
Parmi les nouveaux moyens de production d’électricité mis en place aujourd’hui dans le monde, le nucléaire est devenu extrêmement marginal par rapport aux systèmes à base d’énergies variables.

Le CHOIX FRANCAIS de
(NON) COMPLÉMENTARITÉ entre NUCLÉAIRE et RENOUVELABLES VARIABLES

L’évolution des réacteurs nucléaires en suivi de charge partiel par rapport à la production des énergies variables présente l’avantage d’économiser un peu d’uranium, et l’inconvénient d’user davantage certains éléments des réacteurs, ce qui nécessite davantage de travaux de maintenance et qui est susceptible de raccourcir la durée d’exploitation des réacteurs.

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